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Photo du rédacteurLaura Munoz

Le métier de doula : Un parcours semé d'embuches...

Dernière mise à jour : 29 mai 2023





 

Une histoire de doula


Je suis Laura Munoz, femme, mère, compagne ; mais aussi doula périnatale.


J’ai eu le privilège d’être l’une des femmes formées et accompagnées par Dominique Marquette (Domie), sage-femme retraitée depuis plusieurs années. Elle fait partie de ces personnes clefs qui m’ont guidé et fait cheminer dans ce qu’était le métier d'accompagnante périnatale. Julia Zimmermann, sage-femme libérale en arrêt d'activité, a également contribué de près à mon éclosion de doula avec Domie.


Sur le chemin de l'accompagnement depuis 2011, en passant par le socio-culturel, l'accompagnement relationnel et le développement de diverses approches centrées sur la personne (intelligence émotionnelle, CNV, Communication Transformative, PNL) ; c'est en 2019 après le mentorat auprès de ces deux sages-femmes, que j'ai commencé à exercer en tant qu'accompagnante périnatale (doula).

Au départ, j'eus un ton assez timide sur l'utilisation du terme doula, d'autant qu'il englobe de nombreux types d'accompagnements, dans lesquels je ne me suis pas reconnue. Dans ma pratique, j'ai également pu constater de certaines dérives du métier, qui m'ont portées à mésinterpréter la profession et, surtout, les enjeux sécuritaires qui en découlent.

Après quelques pratiques et un temps d'intégration du métier par les chemins que j'ai pu emprunter, j'ai finalement décidé d'utiliser sans complexes l'appellation "doula", pour définir ma profession.


A mesure du temps qui passait, j'ai découvert plusieurs des enjeux délicats, qui entourent la profession.


Certaines personnes vous diront "moi je réussis très bien en tant que doula dans mon secteur". D'autres, encore plus rares, "pour moi aucun soucis avec les maternités ! On m'accepte sans soucis ! " J'en passe. Des témoignages engageants et encourageants ! Pourtant... Plus j'ai progressé dans mon métier et tissé mon réseau, plus j'ai constaté des difficultés que j'ai pu partager avec mes consœurs doulas. La réalité, c'est que la plupart ont du mal à vivre correctement de leur métier. Et pour cause, même si le métier se fait de mieux en mieux connaître auprès du public, des adversités se mettent en place.



 


Je me suis lancée à 100% dans mon activité de doula, sans garder un filet de sécurité financière à côté. Je suis passée par la case "RSA" et prime d'activité.

Au bout d'un certain temps d'activité, j'ai effectué un bilan avec ma conseillère Pôle Emploi, lors duquel j'ai fait apparaître dans ma fiche Pôle Emploi le terme "doula". C'est là que tout s'est compliqué... J'ai reçu un courrier de la part du conseil départemental d'Ariège. Courrier dans lequel, il a été question d'arrêter mes droits aux revenus complémentaires d'activité, mentionnant que mon activité n'était, je cite "pas viable".


J'ai pu faire valoir mon droit à passer en commission et j'ai été reçue par deux femmes du conseil général lors de cette rencontre. Munie de mes justificatifs de revenu, en augmentation graduelle depuis le début de mon activité, j'ai pu clairement démontrer la viabilité de mon projet professionnel. Face à ces faits invalidant le motif de leur décision, une phrase m'a été donnée :

"nous avons reçu l'ordre de systématiquement refuser tout projet professionnel portant la mention doula".


C'est là, que nous sommes entrées dans le vif du sujet... Je passerai les détails de notre échange, mais je me suis ensuite trouvée face à deux personnes, forcées de constater que toutes les croyances reçues sur ce métier, étaient démontrées comme inexactes les unes après les autres lors de notre entrevue. Nous avons même fini par converser (presque) librement. Il m'a été rapporté que certaines doulas en Ariège avaient exercé illégalement la médecine, en pratiquant des accouchements sans sage-femme. Après enquête en interrogant d'anciennes doulas de l'association Doulas de France, j'ai constaté que la version qui m'avait été donnée ce jour là n'était pas exacte. Pour autant, c'était leur argument pour faire valoir l'ordre qui avait été reçu.

Que faire quand même les collectivités font des généralités là où une ou deux femmes ont eu des pratiques discutables, sur toute la France ? Bien sûr, je les ai également impliquées dans cette question. Mais la réponse est restée la même "nous avons reçu un ordre". Bien que conscientes que ma pratique professionnelle était faite en adéquation avec la loi française et dans la sécurité pour les couples, la décision posée n'avait rien de personnel. Il s'agissait d'une décision contre la profession de doula au sens large. Profession teintée par l'amalgame :


" LES doulas sont dangeureuses ".


Que faire face à ces croyances véhiculées ? Quels recours ?

Déjà, en prendre conscience est une première étape. Réaliser que le métier de doula, contrairement à bon nombre de pays, n'est pas bien reçu en France, par différents ordres, différentes institutions ; et même comme nous le constatons ici, par l'ETAT français. Ce qui implique, qu'il y a des enjeux politiques qui entourent aujourd'hui le métier de doula en France.


Je suis partisane de tenter de comprendre les personnes qui partagent différents points de vue, plutôt que d'entrer en réaction.

 

Voici les réflexions et questions que j'ai pu me poser, en essayant de comprendre ces aprioris et croyances reçues à l'égard de la profession :

  • Le métier de doula n'est pas règlementé. De fait, une personne peut s'auto-proclamer doula du jour au lendemain, sans bagage de formation quel qu'il soit. Ce qui nous amène à LA question :

Comment garantir la sécurité des personnes que nous accompagnons, si de notre côté, la profession de doula n'est pas plus encadrée ?

  • Comment clarifier les limites de nos champs d'intervention, si nos pratiques peuvent parfois se confondre avec des pratiques qui s'apparentent à celles des sages femmes ("préparation à l'accouchement", chant prénatal, etc.) ? Il existe beaucoup de confusion, alors même que l'accompagnement d'une doula, est distinct à celui des professionnels de la santé. Alors même que la grande majorité des doulas, n'exercent nullement ce type de propositions complémentaires.

  • Et enfin, où sont les formations qui font intervenir tous ces professionnels, alors que nous revendiquons notre travail transversal avec eux ?

Il y a un historique à faire valoir dans notre métier. De qui sommes nous les "descendantes", pour dire, notre métier a sa raison d'être ? A part notre auto proclamation propre ? De quels besoins naît notre métier ? Qui dit "nous sommes prêt(e)s" ou pas, à accompagner ?

Toutes ces questions sont aujourd'hui au centre des débats qui animent les personnes qui sont en défaveur du métier de doula et certain(e)s de ces décisionnaires qui vont être en notre faveur.


Ne pensez-vous pas qu'il est temps, de mettre ces questions au centre de notre profession également? Ne pensez-vous pas qu'il est temps, de définir les contours de notre profession ? De nous remettre en question aussi ? Et de faire converger nos différents points de vus ! Et surtout, ne pas oublier l'essentiel :

Lorsque l'on se lance dans un métier d'accompagnement à la personne, nous sommes de fait "au service" de l'autre, et non pas, à notre propre service.


Par conséquent, il est fondamental de se questionner ensemble sur le :

Comment nous assurer que les services que nous allons proposer reposent sur des fondations solides et sécures ? Des fondations qui permettront des accompagnements de qualité, comprenant et intégrant tous les enjeux dans ce type de relation professionnelle ?


Je terminerai cette réflexion en portant l'attention sur la transparence psychique. Une découverte psychologique sur la période de la grossesse. Elle implique que les femmes enceintes sont dans un espace de vulnérabilité et de régression sur le plan psychique, qui est fragilisant. Exercer ce type de profession sans avoir intégré pleinement les fondements de ces principes :


Que pensez-vous que cela puisse engendrer comme risques ? Comme problèmes ?


Partant de ce constat, ne sommes nous pas presque "obligé(e)s" de comprendre les réserves que peuvent émettre à notre égard, ces différents acteurs qui sont "contre" les doulas ?


Je fais ici l'avocat de la défense. Pas pour dire que je les rejoins. Mais pour dire que nous sommes plusieurs à être conscient(e)s de l'énorme responsabilité que nous avons, lors d'accompagnements sur la période périnatale. Et d'autres, pas encore dans la pleine mesure de ce qui peut se jouer.


Il existe plusieurs réponses à formuler pour faire bouger les choses dans le bon sens.

La première, sera d'en prendre conscience pour se poser les bonnes questions ! Ensuite, nous serons en capacité d'agir collégialement dans la direction qui nous permettra de faire progresser les niveaux de sécurité dans la formation au métier de doula et par extension, dans sa pratique.


Finissons sur une phrase clin d'œil qui fera échos à beaucoup de monde :


Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités !

Merci pour vos retours !


Article publié le 10/05/2023

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